Le plus bel animal du monde (2002)
Pièce inédite
Auteur: Richard Olivier
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Résumé
L'action se situe dans les années 50.
La pièce raconte l'histoire d'un adolescent souffrant des sévices moraux et psychologiques d'une mère abusive et narcissique. Cherchant à lui plaire, il la pousse à adopter le comportement de la célèbre actrice américaine, Ava Gardner.
Distribution
François, 15 ans
Sa mère, Alice, 35 ans
Son père Jean, 37 ans
Le motard, 30 ans
La grand-mère, 58 ans
Extraits
DESCRIPTION DE L'APPARTEMENT
Une cuisine mal équipée avec dans un coin une douche vétuste que cache un méchant rideau de plastique. L'évier sert également de lavabo.
Dans la pièce centrale - censée être à la fois le salon et la salle à manger - quelques meubles piteux achetés sans doute à crédit.
La pièce du fond qui donne sur la rue est la chambre à coucher. Les rideaux sont perpétuellement fermés et le lit défait occupe une grande partie de la pièce dont le sol est recouvert d'un affreux balatum.
Face au lit, une grande penderie dont la porte centrale est recouverte d'une glace.
Debout devant la glace mouchetée de la cuisine et entourée de cartes postales en couleur, Alice, la mère de François se nettoie le visage à l'aide d'une épaisse crème blanche. Elle s'est noué une serviette éponge sur le haut de la tête.
La radio déverse son programme habituel - chansons, jeux, messages publicitaires...
Le père dépose le paquet de viande sur la table de la cuisine.
Tenant le pot de crème d'une main, elle déchire nerveusement le papier d'emballage et jette un oil sur le rôti.
- ELLE
- Tu as employé mon savon ce matin ?
- PERE
- Oui.
-
- Lui, calmement se dirige vers la chambre à coucher. Elle continue à parler tout en s'affairant devant la glace. François s'est assis sur une des chaises de cuisine et les mains calées sous les cuisses, il regarde sa mère en silence.
-
- ELLE, se passant du fond de teint sur le visage
- Je t'ai dit mille fois que j'ai horreur que l'on prenne mes affaires. Je ne m'amuse pas à acheter un savon spécial pour le visage qui me coûte les
yeux de la tête pour que tu l'emploies à te laver les pieds...
-
- Se passant un bâton de rouge sur les lèvres
-
- ... et le reste.
- Ca va en classe ?
- FRANCOIS
- Ca va bien.
- J'ai eu dix en histoire et neuf en français.
- ELLE, crie à son mari qui s'affaire dans la chambre
- Rapporte un essuie de cuisine !
- ELLE, à François
- Ca va, alors ?
- FRANCOIS
- Oh, oui. Le professeur de français m'a dit que...
-
- A ce moment se fait entendre une pétarade de moto venant de la cour du rez-de-chaussée.
-
- ELLE
- MERDE !
- Ce con ne va pas recommencer à nous emmerder !
-
- Tout en jurant entre ses dents, elle s'empare d'un vieux journal qu'elle étale sur la table ainsi que de quelques pommes de terre qu'elle ramasse dans un panier posé entre la fenêtre et le réchaud à gaz.
- Elle s'assied ensuite devant la table et se met à éplucher à l'aide d'un petit couteau.
-
- Bruit continu de la moto.
-
- FRANCOIS
- Mon professeur m'a demandé quel était le métier de ma mère.
- ELLE
- J'ENTENDS RIEN ! QU'EST-CE QUE TU DIS?
-
- Elle lui fait signe de se rapprocher. François rapproche sa chaise de la table.
-
- FRANCOIS
- MON PROF M'A DEMANDE QUELLE ETAIT TA PROFESSION !
-
- La pétarade s'est arrêtée.
-
- ELLE
- Aaaaahh ! ARRETE DE GUEULER !
- JE NE SUIS PAS SOURDE !
- Ma profession ... oui et alors, que lui as-tu répondu ?
-
- Bruit de moteur qui s'emballe.
- Regard vers la fenêtre.
- La barbe ! S'pèce d'abruti !!!
-
- PERE, du fond de la chambre sur un ton de reproche
- Alice !
- ELLE, er qui n'attendait que ça pour se défouler
- QUOI, ALICE ?
- Qu'est-ce qu'elle a encore fait, Alice, hein ?
- Si t'étais pas si chiffe molle, t'irais lui dire à cet imbécile que c'est pas un champ de course ici !
-
- Le père très calmement revient , portant ses chaussures à la main ainsi qu'un essuie de cuisine qu'il pose sur la table. François en profite pour remettre sa chaise à son emplacement de départ.
-
- PERE
- Il répare sa moto, c'est son droit.
- ELLE
- SON DROIT !
- Il a tout juste le droit cet espèce de grand empoté de foutre la paix aux gens le dimanche matin.
- PERE, jette un oil à sa montre
- Il est passé midi.
- ELLE, éclate
- Merde, et après ?
- Je suis crevée ! J'ai bossé toute la semaine comme une dingue, moi.
-
- Le père retire d'un des tiroirs de l'armoire de cuisine une brosse à chaussures avec laquelle il se met en devoir très consciencieusement de faire reluire ses pompes.
-
- PERE
- Ca y est ça recommence...
-
- ELLE, tout en continuant à éplucher très sommairement les pommes de terre Non, ça continue.
-
- Elle se relève et jette avec force les pommes de terre dans un bassin placé sous le robinet de l'évier. L'eau qui coule trop rapidement éclabousse tout alentour.
-
- PERE, faisant reluire
- Tout est prétexte.
- ELLE
- T'en es un "beau" de prétexte, toi.
-
- Elle agite son petit couteau planté dans une pomme de terre qui ne tardera pas à valser à terre l'obligeant à se baisser pour la ramasser.
-
- ELLE
- Un autre m'aurait déjà sortie de ce trou depuis longtemps.
- Un autre m'aurait aussi payé le manteau de fourrure que tu me promets depuis quatre ans, un autre me donnerait du fric pour que je n'ai pas l'air d'une cloche.
-
- Elle referme le robinet d'eau et ôte du bassin les pommes de terre qu'elle étale sur l'essuie de cuisine.
-
- PERE
- Un autre !
- Quel autre ?
-
- Apparemment très relax il remet la brosse à sa place puis il souffle sur la pointe de ses chaussures créant un petit nuage de buée.
- Elle ne répond rien, et hausse les épaules en coupant les frites.
- Il s'assied sur une chaise et se met à enfiler ses chaussures dont il semble fort satisfait du résultat.
-
- PERE
- Ah, tu m'as fait peur, je pensais que tu parlais de quelqu'un de précis.
- ELLE, une friteuse entre les mains qu'elle dépose sur le réchaud piquée à vif :
- Qu'est ce que ça veut dire, de précis ?
-
- S'essuyant les mains à l'essuie de cuisine, menaçante :
-
- Si tu veux des précisions sur quelqu'un de précis, je peux t'en donner tout de suite.
-
- Le père jette un coup d'oil rapide vers son fils.
-
- PERE, faisant marche arrière toute
- C'est bon.
- ELLE
- Ouais, je pense que ça vaut mieux.
-
- Elle allume le gaz sous la friteuse.
- La pétarade reprend soudainement.
- Elle tambourine du poing sur le carreau de la fenêtre.
-
- MEEEERDE !
- MERDE ! MERDE !
-
- Il noue sa cravate en se regardant dans la glace de la cuisine.
-
- PERE
- Ca va casser !
- MERE
- M'en fous !
-
- Il enfile un veston, et se dirige vers la porte.
-
- ELLE
- Où vas-tu ?
- PERE
- Acheter des cigarettes.
- T'as besoin de rien ?
- ELLE
- Prends m'en un paquet !
- NON ! DEUX !
- Sarcastique
- ... Si t'en as les moyens.
-
- Il sort. Elle épluche une gousse d'ail et introduit des petits morceaux dans les fentes qu'elle pratique dans la viande.
-
- ELLE, entre ses dents
- Ca lui est facile, à celui-là.
- J'peux tout faire comme toujours.
-
- Brusquement, elle se lève de table et court ouvrir l'une des petites portes du buffet de cuisine.
-
- ELLE
- Y a plus de pain !
- Dis lui de ramener un pain !
-
- François court sur le palier et crie le message à son père. qui ne répond pas et referme la porte d'entrée derrière lui.
-
- FRANCOIS
- Rapporte du pain, s'il te plaît, papa !
-
- Celui-ci ne répond pas et referme la porte de rue derrière lui.
- François revient la tête basse dans la cuisine.
- Sa mère tente d'allumer le four à l'aide d'allumettes, mais nerveuse, n'y réussit pas.
- Elle tape du pied dans la cuisinière.
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- ELLE
- Saleté !
- Un de ces jours, on va tout sauter ici dedans.
-
- François ne peut s'empêcher de rire.
-
- ELLE
- Tu peux rire... L'autre jour, je me suis brûlé la main...
- Pendant trois jours, je n'ai pas pu passer une robe toute seule; Il a fallu que l'on m'aide à chaque fois. J'ai dû défiler avec une main bandée.
- On aurait cru voir l'égyptien, là, le .. le pharaon, Toutan...bazar!
- FRANCOIS
- Toutankhamon, maman
-